Chez la femme, des poils peuvent pousser à divers endroits du corps, et ce, de façon tout à fait normale. Cette pilosité naturelle s’avère toutefois, moins importante que chez l’homme. Curieusement, elle a mauvaise presse dans la culture occidentale qui semble royalement l’occulter de ses nombreux critères de beauté féminine. Pis, on préfère ne pas en parler ou la combattre sournoisement. Devant l’hégémonie des produits d’épilation développés et améliorés à grande échelle, il est temps de se demander pourquoi la pilosité féminine est un sujet tabou au 21ème siècle. Les panneaux publicitaires, les magazines et les produits d’épilation semblent être partout. Les images forcées de femmes, glabres, heureuses et souriantes condamnent sans appel celles qui, pour une raison ou une autre, choisissent de garder leurs poils.
Dans une ère supposée dépasser le féminisme, la majorité des femmes de culture occidentale enlèvent encore les poils de leur corps. Mais pourquoi cette pratique prend-t-elle de l’ampleur ? La pilosité du corps des femmes est apparemment considérée comme trop ridicule, trop monstrueuse et trop «virile» pour être discutée sur la place publique. Elle est considérée comme un sujet tabou, quelque chose qui ne doit pas être vue ou mentionnée, interdite et circonscrite par des règles d’évitement, entourée de honte, de dégoût et de censure.
Un sujet évité même par les féministes
Même les écrivains féministes, supposées encourager et nourrir l’idée d’une toison corporelle chez les femmes, ont remarquablement peu à dire à ce propos. Ils ignorent habituellement la question de l’hirsutisme et le retrait systématique et complet des problèmes capillaires qui y sont liés. Il semble que les seuls textes à aborder le sujet sont, soit des guides sur la façon de se raser, soit des textes médicaux sur l’hirsutisme.
Le problème est plutôt drôle quand on y pense. Ce défaut capillaire peut amener des patientes à se sentir honteuses, embarrassées ou marginalisées. Mais pourquoi quelque chose d’aussi naturel que des poils possède-t-elle le pouvoir d’engendrer des émotions aussi fortes? Les femmes les ont toujours eus, et bien que certaines cultures les aient parfois rasés dans le passé, la plupart ne l’ont pas fait. C’est à cause de la campagne publicitaire de Gillette en 1915 que les femmes occidentales ont été convaincues que le rasage de leurs corps était une bonne idée. Dans la Grande Bretagne du 18ème siècle, les chances de trouver une femme sans poils dans les aisselles et sur le pubis étaient pratiquement nulles.
La responsabilité des médias
L’égérie hollywoodienne générique, vantée par les médias depuis quelques décennies, a introduit l’idée que la pilosité féminine était moche, sale et grossière. Aujourd’hui, toute une génération de femmes a vu son cerveau lavé par une image corporelle féminine qui n’est finalement pas très réaliste, et à laquelle on ne devrait accorder aucun crédit.
Si, comme le prétend la science, la race humaine a évolué à partir de singes entièrement recouverts de poils, l’évolution a peut-être amené les hommes à perdre la plupart de leurs poils, à l’exception de quelques endroits spécifiques de leur corps. Mais, penser que la pilosité pose problème est tout simplement ridicule. Des campagnes de marketing mensongères favorisent l’idée que les femmes au corps glabre plaisent aux hommes et, à la suite de ce message récurrent, les hommes en sont venus à croire que toute femme velue est inacceptable, peu attrayante et masculine.
Pourquoi les femmes doivent-elles arracher, gratter, filer, épiler, raser, dissoudre ou cirer leur pilosité naturelle pour satisfaire la gent masculine ? Seuls les enfants n’ont naturellement pas de poils pubiens. Cela ne dérange-t-il pas que des femmes mûres soient obligées de retourner à l’enfance pour satisfaire les fantasmes étranges des hommes? De surcroit, il est tout à fait faux que les hommes aiment les corps de femmes, sans poils et lisses comme ceux des enfants.
Des préjugés à contre-courant de l’égalité hommes-femmes
Dans une ère féministe où les femmes sont supposées être sur un même pied d’égalité avec les hommes, nous devrions certainement sentir que nous avons la liberté de laisser des poils pousser sous nos aisselles et laisser notre pilosité pubienne s’épanouir sans jugement. Dire à une femme qu’elle devrait être complètement glabre équivaudrait à interdire aux hommes de garder la barbe. Imaginez le tumulte que cela créerait si une telle pression était imposée aux hommes.
Un petit poil sur le ventre, une légère toison au niveau du pubis, quelques poils sur les bras, les jambes non rasées, et tout à coup, c’est l’enfer ?! Nous sommes soudainement taxées de démesurées, de désordonnées, de sales et de moches. Les filles d’aujourd’hui vivent dans une société où elles se sentent pressées d’enlever tous leurs poils corporels. Dès l’apparition du premier brin sur le pubis, les jeunes filles prennent un rasoir et le retirent le plus rapidement possible. Et pourtant, cette pilosité est le signe qu’elles sont entrées dans une nouvelle ère.
Hirsutisme, summum de la pilosité féminine
L’hirsutisme est une pathologie très pénible, dans laquelle les femmes affectées voient pousser des poils dans des zones où il ne devrait normalement pas en avoir. La maladie est associée à une augmentation de l’anxiété, de la dépression et de l’embarras. Les patientes manquent de confiance en elles-mêmes et ne sont pas fières de leur corps.
Jusqu’à 60% des femmes hirsutes croient que la croissance des poils a un impact sur la façon dont elles sont perçues. D’ailleurs 68% de ces femmes évitent les situations sociales. Environ 25% des patientes hirsutes ont des troubles psychiatriques. La présence d’une pilosité féminine sur le visage est un symptôme particulièrement dur à supporter. L’expérience clinique montre que les femmes atteintes d’hirsutisme ne recherchent généralement d’aide médicale, en raison de la stigmatisation.
Au cours de cette maladie, la plupart des surfaces de la peau du corps est couverte de pilosité, à l’exception des paumes des mains et de la plante des pieds. Des influences génétiques et hormonales déterminent en grande partie l’apparition de la maladie. Certains gènes contrôlent l’épaisseur des poils et leur profil de distribution sur le corps. Ces gènes sont également responsables de la coloration des cheveux.
En ce millénaire de grandes avancées technologiques, il est tout à fait curieux que le sujet de la pilosité féminine soit un sujet tabou qu’évitent soigneusement médias et même féministes. Il est scandaleux que le corps de la femme soit l’objet d’un tel marchandage. Si les hommes sont libres de laisser fièrement pousser leur toison, pourquoi en serait-il autrement des femmes ? Il est injuste que des femmes atteintes d’affections comme l’hirsutisme soient obligées de se terrer, rien que par peur d’effaroucher certains esprits hautement susceptibles.