Chaque année en France, près de 50 000 personnes sont victimes d’un arrêt cardiaque soudain. Face à cette urgence vitale, les chances de survie diminuent drastiquement de 7 à 10% par minute sans intervention rapide. Heureusement, depuis 2007, tout citoyen peut utiliser un Défibrillateur Automatisé Externe (DAE) pour sauver des vies. Ces dispositifs médicaux révolutionnaires analysent automatiquement le rythme cardiaque et délivrent un choc électrique salvateur si nécessaire. Cet article visite trois aspects essentiels : comprendre le fonctionnement technique des différents types d’appareils, maîtriser le cadre réglementaire et les obligations légales d’installation, puis apprendre l’utilisation pratique et les formations recommandées pour intervenir efficacement lors des premiers secours.
Comprendre le fonctionnement et les types de défibrillateurs automatiques
Un Défibrillateur Automatisé Externe constitue un ordinateur médical sophistiqué connecté à deux électrodes thoraciques. Ce dispositif portable analyse automatiquement l’activité électrique du cœur et détermine la nécessité d’un choc électrique thérapeutique.
Lors d’un arrêt cardiaque, deux situations principales surviennent :
- L’absence totale de battements cardiaques
- Une fibrillation ventriculaire où le cœur bat de manière désynchronisée
- Une contraction anarchique des fibres musculaires
Le DAE évalue l’impédance du thorax et ne délivre un choc électrique que si une arythmie spécifique est détectée. Cette décharge fait cesser momentanément toute activité électrique cardiaque, permettant potentiellement au cœur de retrouver un rythme cardiaque normal.
Deux types principaux d’appareils existent sur le marché :
- Les défibrillateurs semi-automatiques (DSA) nécessitent que l’utilisateur appuie sur un bouton après analyse
- Les défibrillateurs entièrement automatiques (DEA) délivrent le choc sans intervention humaine
Les deux versions intègrent une assistance vocale guidant l’utilisateur pas à pas, du massage cardiaque au placement des électrodes. C’est toujours l’appareil qui effectue le diagnostic médical et décide de la nécessité du traitement. Aucune étude scientifique n’indique qu’un type serait plus adapté qu’un autre pour une utilisation par des non-professionnels.
Tous les arrêts cardiaques ne sont pas « choquables ». Le défibrillateur automatique distingue automatiquement les rythmes choquables nécessitant un traitement électrique :
- La fibrillation ventriculaire
- La tachycardie ventriculaire sans pouls
Des rythmes non choquables incluent l’activité électrique sans pouls et l’asystolie, situations où le choc électrique s’avère inefficace.
Obligations légales et installation des DAE : ce qu’il faut savoir
Le décret n°2018-1186 du 19 décembre 2018 impose l’installation de DAE dans certains établissements recevant du public (ERP) selon un calendrier échelonné précis :
| Période | Catégories d’ERP concernées |
|---|---|
| 1er janvier 2020 | ERP de catégories 1, 2 et 3 |
| 1er janvier 2021 | ERP de catégorie 4 |
| 1er janvier 2022 | Certains ERP de catégorie 5 |
L’installation doit respecter des critères stricts : visibilité maximale du public, accessibilité permanente, intervention possible en moins de trois minutes. Les préconisations recommandent un emplacement extérieur entre 1,20 et 1,50 mètre du sol, protégé par un boîtier contre les intempéries.
Les propriétaires d’ERP assument trois obligations principales :
- Maintenance régulière incluant remplacement des batteries et électrodes
- Assurance responsabilité civile couvrant l’exploitation du dispositif
- Signalétique conforme aux modèles réglementaires définis par l’arrêté du 29 octobre 2019
L’obligation de déclaration dans la base de données nationale Géo’DAE s’effectue via trois moyens :
- Formulaire en ligne sur le portail officiel
- Dépôt de fichier informatique
- Interface technique automatisée
Pour les entreprises, le Code du travail exige du « matériel de premiers secours adapté » sans imposer spécifiquement les défibrillateurs. L’employeur doit analyser l’opportunité de s’équiper selon la concentration de travailleurs, l’éloignement des secours et les risques spécifiques.
La base de données nationale Géo’DAE
Cette base de données poursuit quatre objectifs stratégiques :
- Diffuser les données de localisation pour faciliter la prise en charge
- Garantir la qualité des informations recensées
- Permettre aux exploitants de respecter leur obligation légale
- Mobiliser les initiatives citoyennes pour sauver des vies
Les données sont disponibles en open data et accessibles via diverses applications mobiles comme Staying Alive.
Mode d’emploi et formation : utiliser efficacement un défibrillateur en urgence
Depuis le décret de 2007, toute personne peut utiliser un DAE sans formation obligatoire, bien que celle-ci reste vivement recommandée. La séquence d’utilisation suit un protocole simple :
- Allumage automatique à l’ouverture ou via bouton
- Placement des électrodes selon les pictogrammes
- Suivi des instructions vocales de l’appareil
- Respect des phases d’analyse toutes les deux minutes
L’intervention s’intègre dans la chaîne de survie « Appeler, Masser, Défibriller ». Le DAE complète le massage cardiaque sans jamais le remplacer. L’utilisateur doit poursuivre la réanimation cardio-pulmonaire jusqu’à l’arrivée des secours professionnels.
Pour les enfants, certains modèles proposent des électrodes pédiatriques adaptées. Si seules des électrodes adultes sont disponibles, le placement diffère : une au centre du torse, l’autre dans le dos entre les omoplates.
Plusieurs formations sont disponibles :
- Prévention et Secours Civiques niveau 1 (PSC1) : 7 à 8 heures
- Initiation à la Réduction des Risques (IRR) : 2 heures
- Formation Sauveteur Secouriste du Travail (SST)
- Sensibilisation aux gestes qui sauvent
La sécurité d’utilisation reste optimale grâce aux diagnostics automatiques plus précis que ceux des professionnels formés. Quelques contre-indications temporaires concernent l’humidité excessive, l’environnement métallique ou la présence de dispositifs médicaux implantés.
Efficacité et limites du défibrillateur
Avec une intervention rapide, les chances de survie atteignent 80%. Pourtant, le DAE traite l’urgence sans traiter la cause de l’arrêt cardiaque. La réanimation cardio-pulmonaire reste indispensable jusqu’à l’arrivée des équipes médicales spécialisées.