Peu connue, la trichotillomanie est un trouble psychique affectant un peu fréquemment les femmes que les hommes. Elle est caractérisée par l’arrachage compulsif des cheveux et des poils du corps. Ainsi, les personnes affectées par la trichotillomanie s’arrachent les cheveux / les poils, de façon répétée. Les causes de ce trouble, se manifestant sous plusieurs types de symptômes variant en intensité, sont encore mal connues. Cependant, plusieurs facteurs semblent intervenir, notamment, la dépression, les traumatismes subis ou même un terrain génétique. Une fois le diagnostic posé, la prise en charge de la trichotillomanie repose essentiellement, sur la psychothérapie et la prise de certains médicaments.

Qu’est-ce que la trichotillomanie ou la trichomanie ? 

La trichotillomanie ou la trichomanie est un trouble de la santé qui se traduit par un comportement compulsif consistant à s’arracher cheveux et poils. Le patient a une envie incontrôlable ou un désir irrésistible de s’arracher les cheveux de la surface de la tête, les sourcils, les cils ou toute autre zone pileuse, malgré les tentatives d’arrêt. Il éprouve des difficultés pour se débarrasser de cette habitude. Or, ladite habitude lui entraîne une perte, une disparation ou une chute des cheveux sur une zone délimitée du cuir chevelu ou sur d’autres zones du corps.

trichotillomanie
Le sujet atteint de trichotillomanie s’arrache les cheveux de façon compulsive.

En plus des cheveux, le patient peut également s’arracher, de façon répétée, la moustache, la barbe, les poils (des aisselles, du pubis, etc.). Ce comportement entraîne une absence de cheveux / poils plus ou moins étendue induisant des zones de calvitie ou d’alopécie bien visible. 

La trichotillomanie entraîne une alopécie (absence de cheveux/poils) plus ou moins étendue, et variable dans le temps. Parfois, le patient essaie de cacher la perte de cheveux ou d’éviter les situations au sein desquelles d’autres personnes pourraient voir la chute de cheveux.

Dans les cas les plus graves, la trichotillomanie est associée à une ingestion des cheveux arrachés. La trichotillomanie qui plonge le sujet dans une grande souffrance n’est pas liée à un caprice ou à un souci esthétique.

Les différentes formes de trichotillomanie 

La trichotillomanie affecte aussi bien les enfants que les adultes. Elle se présente sous plusieurs formes cliniques : 

  • la trichotillomanie concentrée sur le geste : cette forme est caractérisée par une envie compulsive d’arracher les cheveux/poils chez un patient qui est pleinement conscient de ce qu’il fait. La réalisation de ce geste est suivie, soit d’un sentiment d’apaisement, soit d’un sentiment de culpabilité. Le patient s’arrache, alors, les cheveux de façon intentionnelle pour soulager une tension. 
  • La trichotillomanie automatique : dans cette forme, l’arrachage des cheveux est une sorte de réflexe qui intervient au cours d’une activité sans que le patient ait pleinement conscience. Le patient s’arrache les cheveux automatiquement, sans y penser ou sans se rendre compte de ce qu’il fait. La trichotillomanie peut, alors, se manifester lorsque le patient regarde la télévision, lit un roman et au cours d’une activité professionnelle.
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Les causes de la trichotillomanie 

Les causes exactes de la trichotillomanie ne sont pas encore élucidées. Mais, plusieurs facteurs sont mis en cause dans le déclenchement de ce comportement compulsif. 

Hérédité

La trichotillomanie serait le résultat d’une prédisposition génétique. Ainsi, des facteurs génétiques pourraient jouer un rôle prépondérant dans l’apparition de ce trouble psychique. Conséquemment, la trichotillomanie peut être liée à une histoire familiale et survenir chez les sujets qui ont un membre de la famille affecté par cette pathologie. 

Émotions et/ou sensations négatives

Plusieurs experts lient un arrachage compulsif des cheveux au mal-être provoqué par des émotives négatives. Ces émotions négatives peuvent être la solitude, l’ennui, la colère, la tristesse. La trichotillomanie peut ainsi se manifester lorsque le patient a une émotion négative ou une sensation négative telle que l’anxiété ou la frustration. Il manifeste ce comportement compulsif pour faire face à ce mal-être provoqué par ces émotions ou ces sensations inconfortables. 

Stress et/ou dépression

Un stress important et les épisodes dépressifs sont associés à l’apparition de la trichotillomanie. Ainsi, un stress ou une dépression peut déclencher un épisode de trichotillomanie.

étudiante stressée
Le stress peut amener certaines personnes ç s’arrcher les cheveux.

Facteurs biologiques

Des problèmes ou des anomalies au niveau de la structure de certains messagers chimiques produits par le cerveau (la sérotonine et la dopamine) pourraient jouer un rôle dans le déclenchement de la trichotillomanie.

 Facteurs environnementaux

Un enfant baignant dans un environnement familial au sein duquel il se sent négligé ou mal-aimé peut se sentir abandonné et éprouver un mal-être susceptible de déclencher une trichotillomanie. Aussi, les traumatismes subis peuvent favoriser l’apparition de ce trouble psychique. En effet, les sujets éprouvant un soulagement lorsqu’ils s’arrachent les cheveux face à ces événements traumatisants, continuent de le faire pour maintenir ce soulagement ou ce sentiment positif qui y est associé. L’arrachage des cheveux procure du plaisir au patient ; il lui est alors difficile de s’en passer. 

Les symptômes de la trichotillomanie 

Incapacité d’arrêter les cheveux malgré les diverses tentatives 

Les symptômes de la trichotillomanie peuvent varier en intensité d’une personne à une autre avec un arrachage d’une quantité variée de cheveux. Ainsi, ce trouble psychique se manifeste par une envie irrésistible de s’arracher les cheveux chez un sujet incapable de contrôler ce comportement. Ce dernier peut, alors, se sentir très angoissé par cette perte de contrôle du comportement et essayer d’arrêter de s’arracher les cheveux, mais il n’y parvient pas. Il y a, donc, des tentatives répétées en vue de cesser de s’arracher les cheveux, les poils ou de le faire moins souvent.

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Pertes notables des cheveux et attentives pour les cacher 

Les cheveux arrachés peuvent rendre visibles des zones de calvitie, d’alopécie ou des zones dégarnies au niveau de la tête. Pour cacher les zones d’alopécie ou de calvitie, certains patients se sentant gênés ou honteux de leur apparence physique, portent un chapeau, une perruque, de faux sourcils ou nouent un foulard. Ils peuvent même choisir des coiffures spéciales pour cacher les zones dégarnies. D’autres choisissent de s’épiler les cils et/ou les sourcils pour des raisons qui ne sont pas d’ordre esthétique. 

Activités liées à l’arrachage des cheveux 

Le patient peut s’arracher un type de cheveu ou de poil bien spécifique ou s’arracher les cheveux un par un, ou en paquets en vue de jouer avec ces cheveux arrachés en les faisant rouler entre les doigts, en vue de les mordre, de les mordiller ou de les tirer entre les dents. Certains patients avalent ou mangent les morceaux de cheveux arrachés qui peuvent entraîner la formation de gros cheveux ou des boules de cheveux compacts dans l’estomac ou dans le tube digestif. 

Anxiété et soulagement lié à l’arrachage des cheveux 

Le patient peut être envahi par une certaine nervosité, une anxiété ou une tension accrue juste avant de passer à l’acte ou en cas de résistance. Puis, après l’arrachage des cheveux, il peut éprouver un soulagement, se sentir mieux ou satisfait.

Impact au niveau de la vie sociale

Les personnes affectées par la trichotillomanie éprouvent une confusion compte tenu de la perte des cheveux. Cette confusion peut perturber l’activité sociale ou induire des modifications du comportement social. Ainsi, la trichotillomanie peut entraîner des difficultés sociales.

constat de cheveux arrachés
Les sujets atteints de trichotillomanie ont des difficultés sociales du fait de la gène occasionnée par la perte de cheveux.

Le traitement de la trichotillomanie 

La trichotillomanie peut se traiter par la psychothérapie. Aussi, des médicaments peuvent être utiles dans le but de contrôler les symptômes. De même, le recours à un traitement thérapeutique tel que l’hypnothérapie peut aussi s’avérer efficace.

La psychothérapie

La prise en charge de la trichotillomanie s’effectue efficacement par le biais de la psychothérapie. Il s’agit d’une thérapie qui aide le patient à identifier les causes cachées de la trichotillomanie ou induisant une tension que le patient cherche à apaiser en s’arrachant les cheveux. Elle permet d’identifier les causes et les caractéristiques de ce trouble psychique en vue de préconiser un traitement approprié. Ainsi, une thérapie cognitivo-comportementale peut être préconisée.

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Cette forme de psychothérapie se base sur la modification des pensées (cognitions) et des comportements dans le but de vaincre la trichotillomanie. Elle vise également à aider le patient afin de lui permettre de découvrir et d’analyser les croyances erronées susceptibles de le pousser à un arrachage des cheveux. Au niveau du comportement, elle vise à les modifier ou à favoriser un changement des mauvaises habitudes qui font persister la trichotillomanie. 

Les médicaments

Dans le cadre de la prise en charge de la trichotillomanie, un médecin spécialiste prescrit des remèdes dans le but de contrôler les symptômes. Ce traitement médicamenteux peut nécessiter la prescription des médicaments suivants.

Antidépresseur : la chlomipramine

Ce médicament est généralement préconisé lorsqu’une anxiété ou une dépression prévaut chez le patient. Cet antidépresseur agissant sur certains neurotransmetteurs est susceptible de réduire les comportements compulsifs et de soigner la trichotillomanie.

Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS)

Les spécialistes emploient la fluoxétine, la sertraline, le citalopram, l’escitalopram et la paroxétine pour le traitement des troubles obsessionnels compulsifs. Par ailleurs, ces médicaments sont utiles lorsqu’il s’agit de soigner la trichotillomanie.

Un antipsychotique

L’olanzapine a également un effet thérapeutique significatif sur la trichotillomanie.

Le traitement de la trichotillomanie par l’hypnose 

Les spécialistes peuvent avoir recours à l’hypnose dans le cadre du traitement de la trichotillomanie. Ainsi, l’hypnothérapie permet de se défaire des comportements inadaptés et d’introduire des changements durables au niveau du comportement. Ce faisant, elle peut faciliter le changement de comportement chez les sujets affectés par la trichotillomanie. Cela amènent ces sujets à surmonter ce comportement compulsif qui les pousse à s’arracher les cheveux.